Let your heart be broken

 

PRÉAMBULE
La kinésiologie tend à reconnecter le vivant au vivant, en mettant en lumière (conscience) les idéologies (systèmes de croyance) qui nous dominent. La kinésiologie met comme point de départ non pas la pensée mentale mais le ressenti du corps, générateur d’émotions, pour, en dernière étape, permettre de faire des liens justes pour soi et structurer, avec le mental, une pensée incarnée. La kinésiologie reconnaît la trinité corps-cœur-mental pour l’unifier en un tout cohérent, à la base du vivant. Bien-sûr on peut vivre de manière avortée (aliénée), soit sous la dominance de son mental, ou de son corps, ou de son cœur. La kinésiologie nous fait ressentir à quel point cela est du domaine de la survie, pas du vivant.
Que me dit la kinésiologie, en tant que thérapie psycho-corporelle et thérapie de développement personnel, sur les évènements extérieurs de ma vie et du/de mon monde ?

 

J’ai écrit ce texte à la suite du décès d’un être cher. « On se rend compte à quel point on y tient lorsqu’on le perd ». Je me souviens de cette formule de ma mère lorsque j’étais petite, et jusqu’alors je me disais que le seul manque de la présence physique lors d’évènements ou dans des lieux qui nous réunissaient était le plus difficile à surmonter lors d’un décès.
J’ai ressenti son départ de ce monde comme une énorme faille dans mon monde, qui engouffrait dans sa suite beaucoup plus de moi-même que je ne l’aurais imaginé. Non pas le manque de sa présence physique dans ma vie, puisqu’on ne partageait que très peu nos quotidiens, mais une vibration autrefois proche, et désormais manquante car inaccessible de mon monde. Sa vibration est bien encore présente à sa façon au-delà de ce monde, et je peux ressentir sa présence qui m’est maintenant étrangère. La ressentir en tant que vibration proche de moi, accessible, ne m’est plus possible, et cette vibration-la, dans mon monde, me manque…Le texte de Tina Davidson en fin de post, et la musique des Disturbed illustrent parfaitement cette déchirure ressentie durant les 7 jours qui ont suivi son départ.


Le silence assourdissant de ton absence

Je remplis ce silence par le Sound of Silence des Disturbed, passé en boucle pour remuer le fond de ma mare, faire remonter mes eaux intérieures, mes blocages accumulés par convenance et peur sociale, enfouis dans mon inconscient qui suinte cet abcès percé par une lance dans le flanc.  Je laisse sortir toutes les paroles refoulées, les RDV manqués, les émotions réprimées, les contrôles de façade, les plaisances de marionnettes, les regrets qui rongent…comme les cieux aujourd’hui, j’ouvre mes ténèbres pour y laisser passer la lumière qui nous montre à chacune notre chemin, toi vers les mystères de l’invisible, moi vers le cœur des hommes. Que mon chemin me semble long, que le défi me semble insurmontable, sortir du silence de mon cœur pour l’accorder au diapason de tous ces cœurs qui pleurent, de tous ces cœurs qui souffrent et s’interdisent les larmes. Que ma quête me semble vaine si tu n’es plus là, si je ne peux plus ressentir ta vibration quelque part dans ce monde.  Ou la chercher hors du monde, cette vibration qui me nourrissait sans même que je m’en rende compte ? Comment remplacer le vide de ton instrument au cœur de ma propre symphonie ?

Je te revois dans mes bras, au réveil. Je revois ta faim de reconnaissance, les flammes du dragon, transpirer par tes yeux, ta bouche, ta peau. Je ressens ton odeur de petite fille en admiration des femmes qui l’entourent. Je te revois à 10 ans dans l’attente de mon attention, derrière tes lunettes calées sur ton carré brun. Et puis plus rien, je ne te vois plus jusqu’à la belle jeune femme amoureuse qui me présente son élu auquel elle s’agrippe à bras le corps.

Tu es magnifique, le hungry caterpillar transformée en beau papillon. J’adore ton rire qui déborde, la petitesse de tes rondeurs gaillardes, ton cynisme qui te protège, la lame de ton intelligence, le « butisme » de tes cornes. Tu combines le charme affable de ta mère avec la timidité viking de ton père.  Tu accueilles ma fille dans ce monde avec plus d’admiration et de dévotion dont je suis alors capable. Tu souhaites faire des enfants aussi longtemps que possible, aussi longtemps que la biologie le permette, aussi longtemps que ton corps te porte, aussi longtemps que ton cancer ne t’arrête. Tu as une vision sur le monde tout en restant dans ton monde. Je te revois plus alors, chaque fois qu’on s’en donne l’occasion, chaque fois que, du plat de ma vallée, j’arpente ton flanc de montagne. Et toujours réapparaît sous mes yeux la petite fille dragon qui veut être choisie par les dieux. Et malgré le déclin de ses dieux, encore et encore elle se réfugie auprès d’eux et les sauve car ils sont son Olympe, le début et la fin de son chemin…Aujourd’hui tu t’envoles dans la lumière, tes grandes ailes de dragon déployées. Tu me lances un dernier regard derrière la fumée de tes naseaux pour me dire que c’est ok, de laisser son cœur se briser.

Let your heart be broken

“Let your heart be broken. Allow, expect, look forward to. The life that you have so carefully protected and cared for. Broken, cracked, rent in two. Heartbreakingly, your heart breaks, and in the two halves, rocking on the table, is revealed rich earth. Moist, dark soil, ready for new life to begin. »

Tina Davidson, Let Your Heart Be Broken: Life and Music from a Classical Composer

 

2020-2022: Pro-tensions positives

PRÉAMBULE
La kinésiologie tend à reconnecter le vivant au vivant, en mettant en lumière (conscience) les idéologies (systèmes de croyance) qui nous dominent. La kinésiologie met comme point de départ non pas la pensée mentale mais le ressenti du corps, générateur d’émotions, pour, en dernière étape, permettre de faire des liens justes pour soi et structurer, avec le mental, une pensée incarnée. La kinésiologie reconnaît la trinité corps-cœur-mental pour l’unifier en un tout cohérent, à la base du vivant. Bien-sûr on peut vivre de manière avortée (aliénée), soit sous la dominance de son mental, ou de son corps, ou de son cœur. La kinésiologie nous fait ressentir à quel point cela est du domaine de la survie, pas du vivant.
Que me dit la kinésiologie, en tant que thérapie psycho-corporelle et thérapie de développement personnel, sur les évènements extérieurs de ma vie et du/de mon monde ?

 

J’ai écrit ce texte lors de mon retour de Chine. Il fait écho à l’article de mon blog Voyage sur la Chine intitulé « Epilogue », qui met en exergue le défi du retour face à la séduction du départ dans un pays de « transit » comme la Suisse.
En pleine crise Covid, l’intention de ce texte était aussi de proposer à mes enfants une vision du voyage alternative au consumérisme touristique de l’immédiat. Se laisser porter par le voyage, plutôt que dominer technologiquement l’espace…L’intention ultime de ce texte est d’offrir à notre jeune génération une vision du monde à « pro-tensions individuelles et collectives positives » -ou une narration du réel positive vers laquelle tendre- dans un climat de confinement et d’enfermement.

 

 

2020-2022: Pro-tensions positives

Lorsque je cultive mon jardin, ma maison, mon intérieur, je cultive mon monde intérieur, mon monde invisible, du lien avec mon Soi supérieur ou suprême, appelez-le comme vous voudrez. Je cultive l’histoire que je me raconte de moi-même à moi-même et à l’autre, une histoire toujours changeante, évolutive, nourrie de mes énergies intérieures du moment, et des énergies extérieures du moment. Chaque pièce nettoyée, chaque plinthe lustrée, chaque parquet astiqué, argenterie ripolinée, chaque écaille repeinte, chaque aménagement fait et transformé reflète la vie qui coule en moi, toujours différente et toujours vibrante. Chaque fleur plantée, dégagée, chaque arbre touché, caressé, chaque mot échangé entre le vivant au sein de mon jardin grandit la vie qui coule en moi, la fortifie, lui fait passer les saisons toujours plus sâge, plus ancrée, plus résiliente et plus à l’aise. Chaque perle de sueur sur mon front, chaque pas entrepris, chaque escalier gravi me rapproche de mon essence, de l’ontologie de l’Homme, d’une source d’eau claire d’où jaillit la vie.

Je cultive mon monde extérieur lorsque je m’émerveille sur l’ampleur du monde qui m’entoure. Sans bagage ni traçage, je prends la route depuis ma porte d’entrée et je choisis ma direction selon le vent qui me la suppure. Je fais le premier pas à l’extérieur, et je pars en voyage pour longtemps, en sachant que je reviendrai mais sans connaitre le jour de mon retour. J’emporte avec moi l’essentiel, ceux que j’aime, de bons souliers, des habits qui me ressemblent et me protègent, un cahier, un livre. Rien qui me rattache physiquement à ce que je laisse derrière moi pour un temps, le temps de cette aventure. Je trouverai la nourriture, l’eau, les couverts, les livres, les jeux sur place, et je les laisserai sur place quand je quitterai l’endroit qui m’a abritée pour quelques nuits. Mon voyage est lent, je ressens chaque kilomètre de terre parcourue, mes yeux voient tout même s’ils ne s’en souviennent pas, mes oreilles aussi, ma peau, le soleil, la poussière, le froid, la crasse, la sueur. Je ne recherche pas le confort de mon monde intérieur, mais l’émerveillement du vaste monde qui se déroule sous mes pieds, à l’infini, au-delà de ce que peuvent voir mes yeux, et ceux de l’aigle qui me surplombe. Au-delà de ce que peuvent entendre mes oreilles, et celles de la chouette qui m’observe sur le chemin, mon bâton de pèlerin à la main. Je pars pour sentir le monde extérieur auquel j’ai la chance d’appartenir et qui, par ses richesses et surprises innombrables, les rencontres fortuites du voyageur errant et curieux, me révèle la carte extérieure de mon monde intérieure, mes entrailles gravées en filagrammes sur le relief rocheux et les collines ondulantes.

Par chemins et par vaux, trains, bus, bateaux, je me retrouve un beau matin devant ma porte d’entrée, dans ma rue. Je pénètre dans cet intérieur familier mais rayonnant d’une lumière nouvelle. Je me remets à la tâche, je dépoussière, astique, rafraichis, range. Je dispose mes trésors de voyage exactement aux endroits prévus à cet effet, et j’enrichis mon jardin des goûts, saveurs et parfums exotiques laissés sur ma peau et dans mes cheveux. Ma maison, mon jardin, rayonnent d’une lumière nouvelle et d’un parfum sensuel, qui dépassent les limites physiques de mon domaine et se mêlent aux odeurs et couleurs locales de mes voisins, de ma région, de mon territoire. D’autres voyageurs, attirés par cet éclat, viennent frapper à ma porte afin de se reposer un temps chez moi, dans ma chaleur, la sécurité et bienveillance de mon monde intérieur. Ensemble, on repart en voyage, sans bouger.