2020-2022: Pro-tensions positives

PRÉAMBULE
La kinésiologie tend à reconnecter le vivant au vivant, en mettant en lumière (conscience) les idéologies (systèmes de croyance) qui nous dominent. La kinésiologie met comme point de départ non pas la pensée mentale mais le ressenti du corps, générateur d’émotions, pour, en dernière étape, permettre de faire des liens justes pour soi et structurer, avec le mental, une pensée incarnée. La kinésiologie reconnaît la trinité corps-cœur-mental pour l’unifier en un tout cohérent, à la base du vivant. Bien-sûr on peut vivre de manière avortée (aliénée), soit sous la dominance de son mental, ou de son corps, ou de son cœur. La kinésiologie nous fait ressentir à quel point cela est du domaine de la survie, pas du vivant.
Que me dit la kinésiologie, en tant que thérapie psycho-corporelle et thérapie de développement personnel, sur les évènements extérieurs de ma vie et du/de mon monde ?

 

J’ai écrit ce texte lors de mon retour de Chine. Il fait écho à l’article de mon blog Voyage sur la Chine intitulé « Epilogue », qui met en exergue le défi du retour face à la séduction du départ dans un pays de « transit » comme la Suisse.
En pleine crise Covid, l’intention de ce texte était aussi de proposer à mes enfants une vision du voyage alternative au consumérisme touristique de l’immédiat. Se laisser porter par le voyage, plutôt que dominer technologiquement l’espace…L’intention ultime de ce texte est d’offrir à notre jeune génération une vision du monde à « pro-tensions individuelles et collectives positives » -ou une narration du réel positive vers laquelle tendre- dans un climat de confinement et d’enfermement.

 

 

2020-2022: Pro-tensions positives

Lorsque je cultive mon jardin, ma maison, mon intérieur, je cultive mon monde intérieur, mon monde invisible, du lien avec mon Soi supérieur ou suprême, appelez-le comme vous voudrez. Je cultive l’histoire que je me raconte de moi-même à moi-même et à l’autre, une histoire toujours changeante, évolutive, nourrie de mes énergies intérieures du moment, et des énergies extérieures du moment. Chaque pièce nettoyée, chaque plinthe lustrée, chaque parquet astiqué, argenterie ripolinée, chaque écaille repeinte, chaque aménagement fait et transformé reflète la vie qui coule en moi, toujours différente et toujours vibrante. Chaque fleur plantée, dégagée, chaque arbre touché, caressé, chaque mot échangé entre le vivant au sein de mon jardin grandit la vie qui coule en moi, la fortifie, lui fait passer les saisons toujours plus sâge, plus ancrée, plus résiliente et plus à l’aise. Chaque perle de sueur sur mon front, chaque pas entrepris, chaque escalier gravi me rapproche de mon essence, de l’ontologie de l’Homme, d’une source d’eau claire d’où jaillit la vie.

Je cultive mon monde extérieur lorsque je m’émerveille sur l’ampleur du monde qui m’entoure. Sans bagage ni traçage, je prends la route depuis ma porte d’entrée et je choisis ma direction selon le vent qui me la suppure. Je fais le premier pas à l’extérieur, et je pars en voyage pour longtemps, en sachant que je reviendrai mais sans connaitre le jour de mon retour. J’emporte avec moi l’essentiel, ceux que j’aime, de bons souliers, des habits qui me ressemblent et me protègent, un cahier, un livre. Rien qui me rattache physiquement à ce que je laisse derrière moi pour un temps, le temps de cette aventure. Je trouverai la nourriture, l’eau, les couverts, les livres, les jeux sur place, et je les laisserai sur place quand je quitterai l’endroit qui m’a abritée pour quelques nuits. Mon voyage est lent, je ressens chaque kilomètre de terre parcourue, mes yeux voient tout même s’ils ne s’en souviennent pas, mes oreilles aussi, ma peau, le soleil, la poussière, le froid, la crasse, la sueur. Je ne recherche pas le confort de mon monde intérieur, mais l’émerveillement du vaste monde qui se déroule sous mes pieds, à l’infini, au-delà de ce que peuvent voir mes yeux, et ceux de l’aigle qui me surplombe. Au-delà de ce que peuvent entendre mes oreilles, et celles de la chouette qui m’observe sur le chemin, mon bâton de pèlerin à la main. Je pars pour sentir le monde extérieur auquel j’ai la chance d’appartenir et qui, par ses richesses et surprises innombrables, les rencontres fortuites du voyageur errant et curieux, me révèle la carte extérieure de mon monde intérieure, mes entrailles gravées en filagrammes sur le relief rocheux et les collines ondulantes.

Par chemins et par vaux, trains, bus, bateaux, je me retrouve un beau matin devant ma porte d’entrée, dans ma rue. Je pénètre dans cet intérieur familier mais rayonnant d’une lumière nouvelle. Je me remets à la tâche, je dépoussière, astique, rafraichis, range. Je dispose mes trésors de voyage exactement aux endroits prévus à cet effet, et j’enrichis mon jardin des goûts, saveurs et parfums exotiques laissés sur ma peau et dans mes cheveux. Ma maison, mon jardin, rayonnent d’une lumière nouvelle et d’un parfum sensuel, qui dépassent les limites physiques de mon domaine et se mêlent aux odeurs et couleurs locales de mes voisins, de ma région, de mon territoire. D’autres voyageurs, attirés par cet éclat, viennent frapper à ma porte afin de se reposer un temps chez moi, dans ma chaleur, la sécurité et bienveillance de mon monde intérieur. Ensemble, on repart en voyage, sans bouger.